En l’absence de fidèles en raison de l’épidémie de Covid-19 — diffusée en vidéo et à la radio RCF.
En écoutant ce long récit de la Passion par lequel nous faisons mémoire de la mort de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, comment ne pas penser à toutes les souffrances que provoque cette épidémie de Covid-19 ? Jésus nous aime, bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer, il continue de souffrir sur la croix avec chaque personne qui souffre, avec les malades et les mourants, avec les soignants épuisés moralement et physiquement, avec les personnes qui souffrent des conséquences du confinement, celles qui subissent, à cause de cela, une plus grande précarité, les prisonniers privés de visites, les personnes qui ne supportent plus la solitude, celles qui perdent leur emploi, les familles angoissées et celles qui sont victimes de conflits familiaux.
Dieu nous aime, il n’est pas là-haut à nous regarder souffrir. Comme le disait le prophète Isaïe dans la première lecture : « En fait, c’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. »
Non, Frères et Sœurs, la souffrance ne vient pas de Dieu, il l’a éprouvée lui-même en son Fils Jésus. Nous sommes des créatures et nous vivons dans un monde créé en constante mutation. Toutes les créatures naissent et meurent. Nous ne sommes pas invulnérables, et nous devons d’autant plus nous tourner vers le Seigneur qui seul peut nous délivrer du mal et nous faire entrer dans l’éternité bienheureuse.
Car Dieu ne nous a pas abandonnés pour autant, bien au contraire. Comme le dit l’auteur de la Lettre aux Hébreux, en parlant de Jésus : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. » Et cela parce que Jésus a donné sa vie par amour et qu’après avoir été mis au tombeau, il en est ressuscité de façon définitive.
Nous devons beaucoup prier, Frères et Sœurs, en ce temps de pandémie. Mais nous devons prier en chrétien, comme Jésus s’adresse à son Père, dans la confiance et l’amour. Comme le dit Saint-Augustin à propos de la prière : « Les paroles nous sont nécessaires, à nous, afin de nous rappeler et de nous faire voir ce que nous devons demander. Ne croyons pas que ce soit afin de renseigner le Seigneur ou de le fléchir. »
Autrement dit, si nous demandions à Dieu de stopper cette épidémie, il nous répondrait : « Et toi, qu’est-ce que tu peux faire pour cela ? Je vais t’aider ! Je vais te donner l’intelligence, le discernement, le courage, la force et par-dessus tout l’espérance, car l’espérance te fera tenir debout. Je vais ainsi te libérer de l’angoisse et de la peur. Je vais te donner le désir de te mettre au service des autres, et même la joie de donner ta vie pour les autres. En faisant ainsi, tu deviendras vraiment disciple de mon Fils Jésus ».
Frères et Sœurs, c’est dans cet esprit, en fils et filles bien-aimés du Père, que nous allons dans quelques instants élever vers le Seigneur notre prière fervente. Vous qui nous écoutez par la radio ou qui nous regardez sur Internet, vous êtes pleinement associés à cette grande prière que nous allons adresser au Seigneur pour toute l’humanité, avec une intention particulière ce soir pour les victimes, directes ou indirectes, du Covid-19.
« Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! » AMEN
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon